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Ce blog n'a pas d'autre but que de présenter aux éventuels visiteurs un aperçu de ce que j'aime créer. Vous trouverez essentiellement sur cette même page des poèmes ou des textes, nouvelles, récits et autres formes d'écrits. Car j'ai la passion de ces formes d'expression. Je ne prétends à rien d'autre qu'au plaisir de faire partager à qui veut cette passion. Sur les autres pages de ce blog, mes dessins et peintures, mes photos...Voilà, bonne visite, vous êtes les bienvenus, et si le coeur vous en dit, laissez vos impressions, vos commentaires, quels qu'ils soient, positifs ou négatifs. Et merci d'être passés !

samedi 25 février 2023

Bats-toi!

 A mon ami S. M.


C’était un treize, évidemment…

Pouvait-il en être autrement ?

Je ne suis pas superstitieux

Mais le sort est parfois vicieux.

 

J’aurais voulu ne rien entendre.

J’aurais voulu ne rien apprendre.

J’aurais voulu passer mon tour

Et ne jamais vivre ce jour.

 

Mais je l’ai su, et on m’a dit

Le nom de cette maladie

Et que tu en étais atteint.

Quelque chose en moi s’est éteint…

 

Je sais que se tourne une page

Et qu’il faudra avoir le courage

D’écrire sur celle d’après :

« Ça va, maintenant, je suis prêt »,

 

« Prêt à me battre pour guérir ».

C’est tout ce que tu dois te dire,

Ça n’est pas une mince affaire

Mais c’est tout ce que tu dois faire 

 

Mon ami : Te battre et guérir,

Et si j’ai la force d’écrire

Ces mots, c’est parce que j’y crois,

Alors bats-toi ! Bats-toi ! Bats-toi !

 

 

Anglet, le 13 mai 21

Voilà...

 

Voilà.

 

Je suis resté près de toi.

Jusqu’au bout.

 

J’ai tenu ta main.

Jusqu’au bout.

 

J’ai caressé ta joue,

Baisé ton front.

Jusqu’au bout.

 

En murmurant à ton oreille

Je t’ai dit que je t’aimais.

Jusqu’au bout.

 

Je t’ai dit « tout va bien, je suis là».

Jusqu’au bout.

 

Et puis, doucement,

Tout doucement,

Paisiblement,

Tu t’en es allée pour ce pays dont on ne revient pas

En me regardant.

Jusqu’au bout.

 

Alors, redevenu petit garçon de soixante huit ans,

Je t’ai dit « adieu maman »

 

Et j’ai pleuré.

Pleuré.

Pleuré.

 

 

 

Suis pas mort!

 

Suis pas mort.

 

Encore tant à découvrir,

A rêver, aimer, sourire…

Voir mes petits enfants grandir

Et puis, écrire, écrire, écrire…

 

Suis pas mort.

Trop de douleurs, trop de peines

Pour me libérer de mes chaînes…

Du sang noir coule dans mes veines.

Vivre, survivre à perdre haleine…

 

Suis pas mort.

Malgré mes peurs, mes pleurs, mes doutes,

Ce non futur que je redoute

Et ce silence que j’écoute

Je tiens le cap, je tiens la route…

 

Suis pas mort

Dans mes amours au corps à corps

Entre les regrets, les remords,

Combien ai-je perdu de nords ?

Et pourtant, pourtant… Suis pas mort.

 

Pas encore.

Pardon.

 

Pour ton regard nuage au ciel de nos amours,

Pour les couleurs fanées des plus beaux de nos jours,

Pour les parfums enfouis de nos jolis printemps,

Pour nos rêves pendus aux potences du temps,

Pour ton rire envolé au vent de l’insouciance,

Pour les mots élagués au bois de nos souffrances,

Pour l’écho du silence aux cris de ta douleur,

Pour le cadavre encor chaud de notre bonheur,

Pour ton corps embrasé au feu de mon désir,

Pour nos promesses faites et jamais tenues,

Pour mes bras refermés sur ton absence tue,

Pour le sel de tes larmes à mes lèvres closes,

Pour nos nuits blanchies à la chaux de nos névroses,

Pour ton nom tatoué dans le bleu de mon âme,

Pour ton cœur verrouillé, sourd à tous mes « sésame »,

Pour ces mots que j’écris, que tu ne liras pas,

Pour ces mots que j’écris, que tu n’entendras pas,

 

Pardon…

Pourtant.

 

Nous avions rêvé de brumes obscènes aux confins de nos désirs

Dans les temps révolus de nos peurs imaginaires.

Nous crachions sur les tombes de nos enfants à venir

Et nous vivions dans des jardins extraordinaires…

 

Pourtant…

 

Nous avions déjà préparé les phrases lapidaires

Que nous scandons aujourd’hui sans y croire

Pendant que les Villon pendus à nos lampadaires

Se balançaient au rythme de notre Histoire…

 

Combien de marins, combien de capitaines

Naufragés de fortune au plus profond des mers

Ravaudent nos peurs et nourrissent nos haines

Pendant que nous alarme le chant des sirènes…

 

Pourtant…

 

Nous avions inventé l’Utopie des beaux mois de mai

Et nous chantions à tue-tête auréolés de gloire

En interdisant d’interdire à tout jamais

Mais ceci, nous le savons maintenant est une autre histoire.

 

Les étoiles au ciel nous crachaient à la gueule

Et nous égorgions les légendes des siècles futurs.

Nous étions deux, nous étions Dieu, nous étions seuls

Fier d’être lâches et traitres, fiers d’être parjures…

 

Pourtant…

 

Notre amour sanguinolent éclabousse à tout vent

La surface de notre monde agonisant,

Nous avons guillotiné tous les ci-devant

Qui nous empêchaient de vivre au présent.

 

Dans les cimetières fleurissent des pensées

Que nous arrosons de nos regrets éternels.

Demain nous marcherons d’un pas cadencé

Et nous ne parlerons plus qu’à des sentinelles…

 

Pourtant…

 

 

 

Or.

 

Les temples se sont effondrés

De nos certitudes de marbre.

Nous n’avons plus à dénombrer

Dans nos forêts que les grands arbres

 Morts.

 

Sur les Olympes désertés

Les Dieux n’ont laissé que des cendres,

Le feu volé par Ptométhée

Fut éteint par la salamandre

 D’or.

 

Lendemains plantés de bûchers…

Les larmes de nos ennemis

Aux joues sanglantes des bouchers…

Que sont devenus nos amis ?

 

Sort

 Incertain, lanceur de couteaux

Plantés sur la roue d’infortune,

Il faut savoir se lever tôt

Pour ne pas décrocher la lune.

 

Bords

 Déchirés d’une page blanche

Que je noircirai de mes mots,

Noyant tout dans leur avalanche

Hormis la douleur de nos maux.

 

Corps

 Jetés aux fosses communes,

Fin de l’Histoire et fin du monde,

Repassez vos chemises brunes

Et peignez vos tignasses blondes.

 

Forts

 Des Grands Principes Majuscules

Des religions battant le fer,

Vous tatouerez nos matricules

Pour mériter enfin l’enfer…

 

Port

 Où les navires de l’espoir

Viendront s’abriter des tempêtes ;

Nous partagerons, frère noir

Le pain, et nous ferons la fête.

 

 

Dors,

 Tranquille,  enfant de l’Innocence,

Laisse-moi, devant tes yeux clos

Te sourire dans le silence

Du nouveau monde qui éclos…

 

 

Les montres molles.

 

Les aiguilles s’affolent,

Les cadrans se détraquent,

Et sur les montres molles

De Dali les tic-tac

 

Ont perdu les pédales.

Mon cœur bat le rappel

Des années (c’est que dalle,

S’enfuient à tire dailes)

 

Qui me restent à vivre…

Car enfin, à mon âge,

C’est un peu comme un livre

Dans les dernières pages :

 

On a encore faim

De vivre des histoires,

Même si le mot « fin »

Grossit en lettres noires

 

Sur la peau de chagrin

De l’écran de la vie.

Je rongerai mon frein

Debout sur le parvis

 

En plein centre du monde,

Gare de Perpignan

Et quitterai  la ronde

Gnagnagni- gnagnagnan…

 

Ce jour je vous le dis

Dent pour dent œil pour œil

Finie la comédie

Et pour moi deuil pour deuil…

 

Adios.

Je partirai...

 

Lorsque je tournerai en rond

Dans le désert de mes dimanches,

Lorsque les mots me lâcheront

Sur le bord d’une page blanche,

 

Lorsque les vers de mes poèmes

Me claqueront la rime au nez,

Lassés de finir en « je t’aime »

Dans mes rengaines surannées,

 

Je partirai.

 

Lorsque l’encre de mes alarmes

Aura séché dans l’encrier,

Lorsque je n’aurai plus de larmes

Ni assez de voix  pour crier,

 

Lorsque à la source de mes rêves

N’ira plus s’abreuver mon cœur,

Lorsque s’échoueront sur la grève

Les algues mortes de mes peurs,

 

Je partirai.

 

Lorsque les fleurs auront fané

Au jardin clos de notre amour,

Lorsque tu m’auras pardonné

De t’aimer encore à ce jour,

 

Lorsque j’aurai misé sur pile

Après avoir perdu la face,

Lorsque au battement de tes cils

Mon sang sera resté de glace,

 

Je partirai.

 

Lorsque plus rien n’aura de sens

Sans que je sois devenu fou,

Lorsque abolie par ton absence

La vie n’aura plus aucun goût,

 

Lorsque la mort me sourira

Au tapin de mon désespoir,

Lorsqu’ à cet âge il me faudra

Savoir ce qu’il me faut vouloir,

 

Je partirai.

 

 

Je ne cherche point la sagesse.

 

J’ai pris des chemins de traverse,

Mordu à des fruits défendus

Et mis mon âme à la renverse…

A mal rêver, j’ai tant perdu !

 

Faut-il, pour comprendre la vie

Brûler mes ailes à ses flammes ?

A chaque plaisir assouvi

Au cœur me planter une lame ?

 

Je ne cherche point la sagesse

Qui engonce de certitudes,

Emmure l’esprit d’étroitesse…

 

Je cherche la douce folie,

Celle qui porte aux altitudes

D’où l’on voit la vie si jolie…

Le chant du cygne.

 

Il nous faudra nommer tout, même l’innommable.

Quand les charniers seront les jardins de demain,

Le sang des innocents sèchera sur nos mains

Au grand vent de l’oubli et de l’insoutenable.

 

Mais les mots sont des loups, les mots sont des colombes,

Nous avons tué les uns nous tuerons les autres

Car vous le savez bien nous sommes bons apôtres :

La lumière ne se fait que sur les tombes.

 

Nous forgeons nos haines, nous fourbissons nos armes,

Nous barbelons la paix de nos ressentiments

Et les étoiles se meurent au firmament

De notre conscience où perle encore une larme.

 

Par quoi nous faudra-t-il passer, par quels semblants,

Par quelle soumission à quel ordre nouveau,

Par quel silence au lavage de nos cerveaux

Pour nous libérer de nos crimes accablants ?

 

Les portes du futur se ferment lentement.

Elles ouvraient sur les derniers champs du possible

Mais nous ne bougeons pas, condamnés impassibles

Attendant sans y croire le dernier moment.

 

Il sera toujours temps, avant de disparaître

De plaider coupable et de demander pardon,

De l’horrible farce s’avouer les dindons ,

D’un doigt sur un bouton rouge s’envoyer paître…

 

 

 

Un lac aux reflets d’or sous la clarté lunaire.

Glissant sur l’eau noire comme sur un miroir

Tendant le cou vers le ciel de son désespoir

Un cygne blanc et son chant. Le chant de la Terre ?